Miroir
- Frida Narin
- May 29
- 1 min read
Depuis cette nuit, elle revient. Chaque soir, dès que le silence s’installe, elle se glisse dans les miroirs, dans les reflets des vitres, des flaques d’eau ou des écrans éteints. Elle ne parle pas. Elle observe. Et parfois, elle pleure.
Je sens ses larmes dans les miennes. Je comprends qu’elle n’est pas un fantôme. C’est l’ombre de celle que j’aurais pu être, si je n’avais pas fui, si je n’avais pas osé vivre librement.
Et pourtant, cette liberté, je la paie cher. Mes amis me posent des questions crues, maladroites. Ils veulent savoir si je m'amuse constament avec les hommes, si j’ai goûté à tous les plaisirs. Ils pensent que je suis libre comme une enfant dans une fête foraine. Ils ne voient pas que je marche sur une corde raide, chaque pas pesé entre solitude écrasante et indépendance salutaire.
Après mon divorce, je n’ai pas célébré ma liberté. J’ai erré dans un désert intime, évité les dépendances affectives, repoussé les amours illusoires. Et dans ce désert, je l’ai vue encore.
Elle me montre la voie du silence, du renoncement. Elle n’est pas méchante. Elle est triste. Elle veut que je sache ce que j’ai fui. Et moi, chaque nuit, je me tiens droite devant elle, je chuchote :
« Je n’ai pas fui. J’ai choisi. »
Mais le doute persiste. Est-elle une ombre de moi-même ? Ou suis-je devenue deux ? Une que j’ai tuée pour vivre, l’autre qui refuse de mourir.
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